Jade Maily
EXPOSÉE SOLEIL, 2022
Exposée Soleil ©Jade Maily, 2022







Extrait série photographique pour Exposée Soleil ©Jade Maily, 2023
Objets multiples – Jeu de 9 tablettes en bois de récupération.
Série de 12 photographies par objet.
Protocole / Editorial qui accompagne l'objet.







Exposée Soleil, 2023 ©Jade Maily




Apparition



Exposée Soleil est une série d’objets photographiques de 12 à 14 images contenues dans un jeu de 9 tablettes en bois de récupération, rappelant les jeux de construction de l’enfance. Le motif du chantier, des espaces intermédiaires et du seuil arrivent de façon redondante dans le processus de travail, avec un attrait particulier à l’organisation des territoires à partir de la question de l’eau et de ses infrastructures, plus particulièrement les barrages hydrauliques.



Contre une posture pessimiste, le jeu permet de déplacer le regard, rejouant l’investigation de l’artiste, puisque le spectateur cherche lui aussi à faire apparaître ses images. Le jeu comme élément de rencontre avec l’objet et avec l’autre de la même manière que les terrains de travail sont souvent liés à une activité touristique, familiale - affective. Le motif du chantier, des espaces intermédiaires et de seuil arrivent de façon redondante dans le processus de travail, avec un attrait particulier à l'organisation des territoires à partir de la question de l'eau et de ses infrastructures. De la même manière que les couvertures photographiques peuvent nous servir d’abris bivouacs, ici les jeux en bois portent la notion du sacrifice de l’image ; sous la forme d’une situation d’urgence, dans quelle mesure le jeu en bois peut servir à faire un feu.


Exposée Soleil propose une première série photographique autour du barrage de Dardennes situé à Revest-les-Eaux proche de Toulon dans le Var. Ce barrage a subi un ensemble de travaux d'agrandissement afin de prévenir des inondations et aux catastrophes naturelles. Pour ce faire, il a fallu vidé le barrage de son eau puis le remplir de nouveau, ce qui a complètement modifié le paysage et son écosystème.


Pendant presque deux ans et grâce à des venus récurrentes, ce lieu a été une source d'intérêt importante.*

Au delà, de nos pratiques paysagères, touristiques ou sorties dominicales, ce type d'infrastructure constitue le point de rencontre d'enjeux globaux pour un vivre-ensemble possible. La rapidité de ces mutations témoignent de la violence qui s'opère. L'eau, nouvel Or bleu et élément essentiel à nos devenirs humains, que ce soit dans l'appropriation politique, les systèmes de privatisation qui en découlent, les inégalités d'accès à cette ressource, les dispositifs de pouvoirs mis en place mais aussi les formes de résistances qui surgissent de ces absurdités. Les infrastructures (canal, barrage, …), architecture monumentales contribuent à ces rapports de forces.


*(voir la série Il a plu des amandes (2018-2019), travail sur le long cours autour du village familial de Ontur dans le Sud de l'Espagne et ses abords pour en savoir plus sur cette question de l'organisation d'un territoire autour de l'eau, du lien au régime franquiste à ses usages actuels)




Chaque série est accompagnée de ce protocole de réflexion autour de l'objet. À charge du public de venir s'emparer de cet objet, de créer ses propres récits, d'interroger ces territoires qui sont les nôtres, de l'approcher par le sensible pour mieux permettre le soin importé. Entre jeu et sacrifice, il renvoie à nos complexités humaines et le choix entre l'action et la passivité face à nos mondes blessés. Construire, réparer, déplacer,... tout un ensemble d'approches possibles pour mieux permettre notre habiter monde.







 
Racines

Ce travail s'inscrit dans la poursuite de précédentes recherches notamment déployées sous la forme d'une pensée écrite dans « Protocole/Prototype d'un kit de survie de l'artiste engagé.e. », Mémoire de DNSEP, Dijon, 2019 sous la direction de Philippe Bazin.
Plus particulièrement, il fait échos à deux parties de cette recherche.
COMBUSTION : Réflexion qui s'insère à la fin du déroulé de la pensée et qui exprime plusieurs caractéristiques de cet objet, notamment en exposant une sorte de fiction à partir de laquelle ce livre de pensée devient le dernier objet que l'on porte avec soit, le seul qui puisse être brûlé en cas de besoin nécessaire de réaliser un feu. La question du feu est explorée tout au long de cette partie évoquant la question du sacrifice, de la mémoire, des lieux et des échanges et du lien à la transmission.
CONTENIR : Ce passage arrive en dernier lieu de la réflexion, elle s'écrit comme une forme d'essai autour de l'objet qui est à la fois le support de la pensée et la pensée elle-même. Elle réfléchit aux formes et aux images que portent l'objet, à ses différentes modulations possibles. Elle fait échos à ce qui lie l'ensemble de cette pensée en évoquant la corde – elle-même prétextée comme fil directeur de la première partie du mémoire.
De cet écrit est né un corpus d'oeuvres, notamment Photographie témoin... qui se veut une couverture-image-abri. Déployée en formats et supports multiples, elle travaille notre rapport à l'image et ses modes de visibilité et d'expériences sensibles. Son impression sur une bâche nautique anti-vent déplace notre regard et empêche son accès à une vision totale, elle convoque à la fois la possibilité d'une image qui nous habite (un habiter photographique) et un abri possible avec l'installation en bivouac. Pour la série photographique Chutes, ce sont des chutes de bois de hêtre vouées à être jetées aux ordures qui ont permis l'existence de ce travail. Le bois comme possibilité élément nécessaire pour réaliser un feu devient ici le support des transferts d'images de ce paysage poétique.
Plus loin encore, et suite à une seconde recherche explorée au prisme de l'Esthétique au sein de l'Université Paul Valéry Montpellier III, s'est vu naître : Surface sensible, à partir de quels territoires, l'image peut-elle résister en habiter ? 2022 (sous la direction de David Brunel)
Pour cet essai, l'intention se situait à s'interroger à partir d'un état des lieux des images à partir des territoires et du paysage pour mieux réfléchir à cette question de l'habiter photographique et de la khora. Finalement, il s'agissait d'aller plus loin dans l'ouverture proposée autour de CONTENIR dans le précédent mémoire.
De cette recherche théorique, la poursuite d'expérimentation plastiques basée sur des aller/retours entre le numérique et l'analogique a emmené la fabrication et la conceptualisation d'une série d'objets qui contiendraient une série photographique complète.